Fibrillation auriculaire

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La fibrillation auriculaire est le plus fréquent des troubles du rythme cardiaque.

L'incidence de la fibrillation auriculaire augmente avec l'âge, en effet cette pathologie est rare avant 40 ans mais touche près de 8 % des octogénaires (5 millions de personnes à travers le monde).

Qu'est-ce que la fibrillation auriculaire ?

La fibrillation auriculaire est également appelée arythmie cardiaque par fibrillation auriculaire (ou AC/FA) ou fibrillation atriale.

Il s'agit d'un trouble du rythme du cœur lié à une contraction anarchique d'une partie du cœur appelée oreillettes ou atrium. Le cœur est composé de 4 cavités : les oreillettes qui reçoivent le sang des veines, et les ventricules qui envoient le sang dans les artères.

Les équipes de LIRYC, l’IHU de Bordeaux dédié aux troubles du rythme cardiaque, ont identifié dans les années 1990 les sources de la fibrillation atriale : du tissu cardiaque au niveau des veines pulmonaires de l’oreillette gauche.

On parle de :

  • fibrillation auriculaire paroxystique si le trouble du rythme est limité dans le temps (s'il dure moins de 7 jours),
  • fibrillation auriculaire persistante si le trouble dure plus d'une semaine,
  • fibrillation auriculaire permanente si elle persiste au-delà d'un an malgré les traitements.

Les causes de la fibrillation auriculaire

Les causes peuvent être d'origine cardiaque (pathologies des valves cardiaques, suite à un infarctus du myocarde, suite à une insuffisance cardiaque, suite à une pathologie cardiaque congénitale ou acquise...) ou extra-cardiaque (l'hyperthyroïdie, les infections notamment broncho-pulmonaires, la consommation chronique d'alcool...). Une étude montre également qu'un débit de filtration glomérulaire plus faible (ce qui traduit une diminution de la fonction rénale) est associé à une arythmie complète par fibrillation auriculaire.

Dans 10 à 20 % des cas, aucune cause n'est retrouvée, on parle alors de fibrillation auriculaire idiopathique.

Bon à savoir : selon une étude, il existerait un surrisque d’événements cardiovasculaires majeurs dans les 30 jours qui suivent la mise en place d’un traitement par diclofénac (par rapport à l’initiation d’autres AINS, de paracétamol ou à l'absence de traitement). En ce qui concerne la fibrillation auriculaire, l'augmentation de ce risque serait de 20 %.

Lorsque la cause est connue et qu'il est possible de la traiter, un traitement est alors mis en place. Même chose en cas d'apparition d'insuffisance cardiaque ou d'insuffisance rénale.

Les conséquences et symptômes de la fibrillation atriale

Lors de la fibrillation auriculaire, les oreillettes se contractent de façon anarchique, ce qui va induire une stagnation du sang dans les oreillettes. Le risque de cette stagnation est la formation de caillots qui vont pouvoir être éjectés dans la circulation sanguine et être à l'origine d'embolies (accident vasculaire cérébral, embolie pulmonaire, phlébites...).

La fibrillation auriculaire est également responsable d'une diminution de la contraction globale du cœur. Le débit cardiaque est alors diminué. Il peut s'en suivre une insuffisance cardiaque.

Les personnes atteintes de fibrillation auriculaire peuvent ressentir des battements irréguliers du cœur ou palpitations, une fatigue, un essoufflement ou une douleur thoracique. Dans certains cas, la fibrillation auriculaire est dite asymptomatique lorsqu'elle n'est absolument pas ressentie.

Le diagnostic de fibrillation auriculaire

La fibrillation auriculaire peut être évoquée cliniquement (le pouls est rapide et irrégulier) mais seul un électrocardiogramme permet de faire le diagnostic.

L'électrocardiogramme est un tracé papier de l'activité électrique du cœur. L'enregistrement se fait lors d'un examen indolore et rapide qui se pratique au cabinet du médecin généraliste ou du cardiologue. Il existe des appareils portables, l'examen peut donc aussi se faire au domicile du patient si nécessaire. En cas de fibrillation auriculaire, l'électrocardiogramme a un aspect caractéristique permettant d'affirmer le diagnostic.

Complications liées à la fibrillation auriculaire

La fibrillation auriculaire augmente les risques d'AVC ischémique (mais pas ceux d'AVC hémorragiques), on le sait, mais d'une façon générale elle augmente aussi les risques de mortalité de 46 % toutes causes confondues (les risques de mortalité par accident cardiovasculaire sont deux fois plus élevés).

De façon générale, outre les AVC ischémiques, l'AC/FA est associée à un risque :

  • d’infarctus du myocarde (risque deux fois plus important) ;
  • d’arrêt cardiaque (risque deux fois plus important) ;
  • d’insuffisance cardiaque congestive (avec un risque cinq fois plus important, il s'agit de la complication la plus souvent retrouvée chez les patients présentant une fibrillation atriale) ;
  • d’insuffisance rénale chronique (augmentation de 64 % du risque).

Ces risques sont augmentés quels que soient les antécédents cardiovasculaires du patient, son âge ou l'importance de ses facteurs de risque.

Le traitement de la fibrillation auriculaire

La fibrillation auriculaire, à la différence de la fibrillation ventriculaire, n'entraîne pas un risque vital immédiat. Il faut néanmoins garder à l'esprit qu'elle est associée à un risque élevé d'AVC, à une augmentation de la mortalité et qu'elle est responsable d'une augmentation des coûts médicaux  et d'une diminution de la qualité de vie.

Son traitement est toujours réalisé par un médecin. Le traitement de la fibrillation auriculaire a 3 principaux objectifs :

  • améliorer la tolérance du trouble du rythme et éviter les complications ;
  • régulariser le rythme cardiaque s'il s'agit d'une fibrillation auriculaire permanente (avec mise en place d'une surveillance régulière) ;
  • prévenir la récidive une fois le rythme cardiaque rétabli (interrogatoires et ECG réguliers pour détecter d'éventuels symptômes d'insuffisance cardiaque et lutte contre les facteurs de risque).

La régularisation du rythme cardiaque peut se faire soit par traitement médicamenteux soit par défibrillation par chirurgie (en cas de résistance aux médicaments et après 6 à 9 mois d'attente).

Ce second traitement fréquemment pratiqué (700 000 patients à travers le monde mais seulement  2 à 4 % des patients en France), l'ablation thermique, consiste à procéder à une ablation par cathéter afin de créer une barrière électrique complète et durable autour des 4 veines pulmonaires. Cela permet d’exclure les sources d’arythmie et ainsi de rétablir le rythme sinusal. Le taux de succès d’environ 65 % à 1 an et des complications ne sont pas exclues.

Cependant, que ce soit l'un ou l'autre de ces traitements, il s'agit d'une décision médicale. Il est habituel de n'entreprendre la restauration du rythme cardiaque qu'une fois une anti-coagulation efficace mise en route pour éviter tous risques d'embolies dans la circulation sanguine.

Bon à savoir : la mise en place d'un traitement anticoagulant permet de faire légèrement baisser le risque de complications globales.

L'électroporation : une nouvelle technique très efficace

Parmi les traitements de la fibrillation auriculaire, figure l’ablation par l’électroporation qui est une technique récente, basée sur une nouvelle énergie permettant l'isolement des veines pulmonaires.

Contrairement à la méthode thermique, où la nécrose des tissus est obtenue soit par radiofréquence soit par cryoablation, l’ablation sélective des tissus à l’origine de l’arythmie par électroporation (ou champs pulsés) utilise des micro-chocs électriques de haut voltage (> 2 000 V) pour ouvrir en quelques millisecondes des pores à l’échelle nanométrique dans les membranes des cellules cardiaques pathologiques.

Elle présente de très nombreux avantages, au rang desquels on trouve :

  • Un taux d'efficacité proche de 78 % dans les formes paroxystiques.
  • Une durée d’intervention de seulement une heure (contre 1,5 à 2 heures pour la radiofréquence et la cryothérapie).
  • La préservation des tissus et organes environnants (on peut cibler sélectivement les cardiomyocytes tout en épargnant l’œsophage, les nerfs et les vaisseaux sanguins).
  • Pratiquement aucun effet indésirable.

Tout porte à croire que dans les années à venir, l’électroporation remplacera définitivement les énergies thermiques dans l’ablation de la FA paroxystique et persistante, 20 centres en France étant déjà équipés.

Ces pros peuvent vous aider